Patron sur Twitter : « enfin un dirigeant qui s’exprime »

1.     Une posture forte et assumée

« Je suis fatigué ». Le ton est donné. Le patron de Total Energies se jette à l’eau et passe à l’offensive. Force est de constater que les éléments de langage employés ne sont pas ceux d’un communicant. Pour autant, est-ce le bon sujet au bon moment ?

2.     Aucun soutien politique

Naturellement, le sujet de la rémunération en France est « sensible » et fait réagir. Parmi les 33K messages liés à cette déclaration, personne n’ose soutenir Monsieur Pouyanné publiquement. Son cas est inaudible. Outrés, les députés LFI s’insurgent et crient au scandale. Ce sont eux les plus visibles sur Twitter, notamment François Ruffin (Plus de 15K likes et 2,5K retweets) ou encore Clémentine Autain (3,2K likes et 400 retweets). Les activistes écologistes comme Claire Nouvian ne sont pas en reste. Naturellement, aucun politique « modéré » n’ose se mouiller, c’est la règle du jeu. Se pose alors la question de la cible visée par M. Pouyanné ?


3.     Les journalistes, cibles principales

Lorsque Patrick Pouyanné se fend de ce tweet, les politiques ne sont pas sa cible, le grand publique non plus, et les grévistes de son groupe encore moins. Il vise les journalistes dans le but de démonter une croyance : les 52% d’augmentation. Il sait pertinemment que sans démenti, cette croyance sera relayée dans tous les médias, sur toutes les plateformes.

Pari réussi. À l’instar de Dominique Seux, rédacteur en chef des Echos et éditorialiste économique de France Inter : Un patron qui s’explique et s’assume. Olivier Truchot (Grandes Gueules sur RMC) et Christine Kelly (Canal+) retweetent sans commenter. Qui ne dit mot consent.

4.     Une question de contexte ?

En communication, tout est une question de contexte. Quand un dirigeant s’exprime peu alors que son entreprise est sous le feu incessant des critiques (l’Ukraine, les raffineries, la crise climatique), on pourrait s’attendre à ce qu’il utilise ses canaux de communication personnel pour défendre son entreprise ou ses salariés le cas échéant. Rien de tout cela sur les comptes Twitter ou Linkedin de M. Pouyanné. Ainsi, le dirigeant peut-il se permettre de parler de lui sans évoquer une fois le sort de son entreprise malmenée dans l’Opinion depuis quelques mois ?

Fait cocasse, au lendemain du sacre de Karim Benzema comme ballon d’Or, nombreux sont les commentaires qui mettent en parallèle la rémunération des deux hommes : « Il gagne effectivement très bien sa vie…en dirigeant la 9ème compagnie pétrolière mondiale. Karim Benzema, que vous avez félicité sans retenue pour son Ballon dOr gagne quatre fois plus. Pourquoi ces deux poids, deux mesures ? ». Encore une fois, tout est une question de contexte.

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